samedi 9 septembre 2017

Dans les ateliers Singer

Une photo ce n’est pas simplement une image instantanée d’un lieu, d’un objet ou d’une personne. C’est vrai qu’à l’heure actuelle, notre vie quotidienne est inondée d’images. Alors à celle ou celui qui sait encore regarder et lire une photographie je voulais commenter celles qui appartiennent aux laboratoires argentiques Mupson à Paris et qui ont su photographier un lieu et une personne célèbre dans le milieu des artisans du cycle Parisien.
Le temps est certes figé, mais une photo, ne se regarde pas simplement, il faut également l’interpréter et la lire. Elles évoquent avant tout une période caractérisée par l’ambiance des lieux, une peinture défraichie qui dit beaucoup sur l’âge de cet atelier, des outils anciens qui semblent hors d’âge mais qui sont encore tout à fait fonctionnels, des pièces soigneusement stockées, qui pour la plupart ne se fabriquent plus depuis de nombreuses années. 
Elles évoquent également un lieu, celui d’un lieu vivant, où combien de vélos ont été fabriqués, combien de clients sont rentrés dans ces coulisses, combien d’heures de travail depuis l’ouverture de cet atelier, combien de réussites mais d’échecs également, combien de conversations à philosopher ou penser la future machine. Combien de rêves exhausés auprès d’amateur de belles randonneuses, et combien de curieux juste venus voir. 
Le point central de ces photographies est bien évidemment le vélo, la randonneuse. Alors si on pouvait rassembler d’un coup de baguette magique toutes les fabrications de Monsieur Singer. J’imagine donc ces tonnes d’acier, transformés au fil des années en cadres, potences, fourches et porte bagages. De cet acier brut qui donne vie à la plus géniale des inventions. Des centaines de vélos qui ont fait la joie de leurs propriétaires successifs et qui ont tous une histoire secrète à raconter de leur parcours de vie. Certains sont restés dans l’hexagone et d’autres en sont allés à travers le monde. Des vélos qui ont parcourus des milliers de kilomètres, qui ont vu tellement de paysages et de routes.
A la tête, il y a un homme, un chef d’orchestre qui a tenu cette prestigieuse maison Singer pendant plusieurs décennies. Lui seul sait toutes ces choses évoquées plus haut.
C'est le propre de la photographie artistique qui nous permet de tutoyer des lieux aussi prestigieux et surtout de laisser vaquer notre imaginaire.




















mardi 29 août 2017

Toute une ambiance


On peut y voir, un joyeux désordre. Un empilement de composants pour vélos, hors d'âge. Un bric à brac organisé diront certains. Moi, j'y vois le passé, ce passé industriel français glorieux. C'est un vrai trésor. Des équipements qui ne se fabriquent plus, précieusement, religieusement gardés dans les entrailles de la boutique du célèbre artisan Alex Singer. Combien sont-ils encore à pouvoir dévoiler de tels articles ? Ils doivent se compter sur les doigts de la main. Ces pièces vont sans doute prochainement habiller les belles randonneuses artisanales, dont Olivier Csuka à la maîtrise. Comme je l'avais déjà dit dans un ancien post, ces moyeux, pédaliers et autres devraient pouvoir être exposés dans les grands musées. Comme une oeuvre d'art, vestiges d'un passé florissant pour l'industrie française. Toutes ces pièces étaient fabriquées en France. Les pompes Ad Hoc par les établissements Colombat dans leur atelier d'Amplepuis ; ces pédales Piel par la CECAM à Giromany dans le territoire de Belfort ; ces moyeux Maxi Car par les établissements Rousson et Chamoux à Feurs ; ces freins MAFAC par l'entreprise de M. Bourdel à Clermont-Ferrand.....

Il y avait une richesse industrielle nationale. La bicyclette a permis de faire bouillir la marmite de nombreuses familles pendant des décennies. 

Cela me ramène également 40 ans en arrière quand je suivais mon père, un peu contraint et forcé je dois dire, lorsqu'il se rendait chez son ami et camarade vélociste. C'était une boutique un peu hors d'âge. Des vélos en désordre un peu partout et surtout un atelier ouvert sur le magasin. On pouvait ainsi apercevoir les mécaniciens intervenir pour régler ou changer les pièces cassées ou abîmées. Une boutique carrément à l'image de son propriétaire. Il y avait une sacré belle ambiance, un lieu de rencontres aussi entre cyclotouristes, on y parlait de tout, mais surtout de vélo, du dernier dérailleur Campagnolo, des dernières sorties du club, des champions du moment et des courses locales organisées par les petits clubs.



Une boutique qui ne correspond plus aux critères d'aujourd'hui. Tout doit être aseptisé, propre et rangé. Il n'y a même plus l'odeur du cambouis et des graisses utilisées pour les roulements, ni celle des peaux de chamois. Ces magasins d'aujourd'hui, n'ont plus cette âme. C'est triste  pour la génération d'aujourd'hui. 

J'aimerais tellement pouvoir retrouver cela.









mardi 22 août 2017

Pour recevoir les articles par mail

A celles et ceux qui me suivent depuis plusieurs mois et qui souhaitent être informés en temps réel des articles que je publie, je viens de rajouter une fonction qui vous permettra de recevoir directement sur votre messagerie ces articles à venir.



Il vous suffit de laisser votre mail sur la fonction située en haut à droite du blog (voir capture d'écran). Vous recevrez ensuite sur votre boite mail un message vous demandant de confirmer votre demande. Il faudra donc valider ce message pour pouvoir être inscrit et recevoir ainsi mes écrits au fil de l'eau.

Merci à toutes et tous.

mercredi 2 août 2017

Selle idéale, du nouveau


Voici quelques nouvelles de Frédéric Ducès.
L'année 2017 a été à nouveau intense. Le prototype ayant été finalisé, des selles ont ainsi été confiées à quelques cyclistes testeurs afin d'améliorer certains points. Les multiples retours sont désormais concluants et les premiers clients satisfaits de leur selle.

Un début d'année 2017 également difficile puisque l'un des anciens artisan ayant travaillé pour les selles Idéale et s'étant beaucoup investi dans le renouveau des selles, est malheureusement décédé. Il a été la personne clé et a aidé sans compter dans ce projet. Katia et Frédéric sont tristes qu'il n'ait pas pu voir complètement le fruit de ses efforts et de sa générosité.

En mai 2017, les machines permettant la fabrication des selles ont quitté la Normandie afin de se poser à Toulouse.

C'est donc à Toulouse que les toutes premières commandes ont pu être honorées. Concernant les moyens de communication, un site internet devrait prochainement voir le jour, mais avant cela une page Facebook afin de faciliter le contact avec des clients désireux d'acquérir une selle.

Les choses commencent donc à prendre tournure. La satisfaction de Frédéric lui permet désormais de passer à la vitesse supérieure. Au concours de machine, de nombreuses personnes ont éprouvé un réel intérêt pour le retour des selles Ideale.

Voici le lien du futur site internet en préparation : www.sellesideale.fr










samedi 22 juillet 2017

Dans le creux de la main


Certains artisans façonnent exclusivement des cadres et des beaux vélos lorsqu'un  autre fabrique en quelques secondes un vélo complet, un coureur et sa tenue de cycliste. Par quel miracle me direz-vous de telles choses sont possibles ?

Et bien grâce au savoir faire unique de la seule entreprise mondiale en la matière. Nous avons de la chance, puisqu'elle est française et implantée à Egreville en Seine et Marne.

Aux commandes, Monsieur ROGER, gérant de l'entreprise éponyme. Cette activité de fabrication de figurines n'est pas réellement aujourd'hui sont cœur de métier et cela reste une part infime de son travail. Monsieur Roger  a voulu continuer l'histoire familiale débutée avant la deuxième guerre mondiale entre 1935/1938.

Les cyclistes M bruts, après passage à l'ébavurage thermique

Aux origines, ces figurines étaient fabriquées en plomb, mais la législation d'alors ayant interdit ce matériau, le zamak est venu le remplacer (matériau composé de zinc, d'aluminium, de magnésium et de cuivre).  Dans les années 60/65 l'engouement était tel que la production annuelle avoisinnait les 500 000 pièces. Il est vrai qu'à l'époque ces figurines étaient des jouets destinés aux enfants qui à l'aide d'une bille faisaient avancer leur cycliste dans les cours de récréation ou les bacs à sable.  Je  retrouve d'ailleurs ces stigmates sur des pièces anciennes que je chine parfois dans les brocantes.  Mais maintenant plus question d'abimer ces pièces, nous sommes dans le milieu très sérieux des collectionneurs. Ces derniers continuant à travers le monde à faire vivre cette industrie de niche.

Des Anglais et des Belges principalement, qui raffolent de ces quelques grammes de zamak.

Grâce à eux, aujourd'hui encore, les anciennes machines reçoivent le zamak liquide chauffé à 420 degrés et pouvant ainsi produire jusqu’à 2500 pièces injectées par jour.


Des modèles qui n'ont pourtant pas changé, puisque c'est encore aujourd'hui dans des moules en bronze des années 30, fabriqués par son grand-père,  que ces figurines sont coulées. Il suffit de quelques minutes pour voir apparaître ce qui deviendra pièce de collection. Un seul homme est aux commandes de cette machine qui injecte dans ces moules et qui va donner vie sous nos yeux à ces célèbres figurines Roger.  Elles sont à l'état brut, il faudra alors les ébarber afin d'obtenir une pièce parfaite et sans défaut.

Gilles, régleur qui assure depuis 20 ans la production des petits cyclistes M, sur cette machine

Cet employé est un fabricant de champions, cela va du vainqueur au bras levé aux sprinters et aux rouleurs. Ils restent tous des anonymes. Seul un champion a eu l'honneur et le privilège d'avoir sa figurine à son éfigie …. un certain Monsieur Jacques Anquetil.

Aux termes de ces opérations vient ensuite la phase délicate de la mise en peinture, qui est malheureusement externalisée faute de main d'œuvre qualifiée et également de coût de revient. Au final on pourra  apprécier la finesse du moulage et de la décoration.

Portrait en diorama d'un cycliste R offert par un client 

Peu d'enfants jouent aujourd'hui avec ces pièces. C'est une poignée de passionnés qui reproduisent chez eux, dans des décors plus vrais que nature, les belles étapes du tour de France.

C'est assez réaliste.  

L'entreprise Roger, n'a jamais de demande extravagante. Juste certains collectionneurs qui désirent des figurines peintes avec les couleurs de leur maillot personnel.

Si l'envie vous séduit vous pouvez même acheter des figurines brutes et les mettre vous-même en peinture. Exercice difficile j'imagine. A ce propos j'ai découvert le travail formidale d'un amateur passionné, qui exécute en peinture de très belles pièces. Un anglais dénommé Rowley.

Passé révolu certes, mais preuve aujourd'hui que l'imaginaire apporte aussi au quotidien, une tout autre saveur à celui ou celle qui a su rester avec son âme d'enfant.



Merci à Monsieur Roger et à Jérôme Pétin, son directeur commercial d'avoir aimablement accepté de répondre à mes questions, ainsi que pour les photographies.