samedi 22 juillet 2017

Dans le creux de la main


Certains artisans façonnent exclusivement des cadres et des beaux vélos lorsqu'un  autre fabrique en quelques secondes un vélo complet, un coureur et sa tenue de cycliste. Par quel miracle me direz-vous de telles choses sont possibles ?

Et bien grâce au savoir faire unique de la seule entreprise mondiale en la matière. Nous avons de la chance, puisqu'elle est française et implantée à Egreville en Seine et Marne.

Aux commandes, Monsieur ROGER, gérant de l'entreprise éponyme. Cette activité de fabrication de figurines n'est pas réellement aujourd'hui sont cœur de métier et cela reste une part infime de son travail. Monsieur Roger  a voulu continuer l'histoire familiale débutée avant la deuxième guerre mondiale entre 1935/1938.

Les cyclistes M bruts, après passage à l'ébavurage thermique

Aux origines, ces figurines étaient fabriquées en plomb, mais la législation d'alors ayant interdit ce matériau, le zamak est venu le remplacer (matériau composé de zinc, d'aluminium, de magnésium et de cuivre).  Dans les années 60/65 l'engouement était tel que la production annuelle avoisinnait les 500 000 pièces. Il est vrai qu'à l'époque ces figurines étaient des jouets destinés aux enfants qui à l'aide d'une bille faisaient avancer leur cycliste dans les cours de récréation ou les bacs à sable.  Je  retrouve d'ailleurs ces stigmates sur des pièces anciennes que je chine parfois dans les brocantes.  Mais maintenant plus question d'abimer ces pièces, nous sommes dans le milieu très sérieux des collectionneurs. Ces derniers continuant à travers le monde à faire vivre cette industrie de niche.

Des Anglais et des Belges principalement, qui raffolent de ces quelques grammes de zamak.

Grâce à eux, aujourd'hui encore, les anciennes machines reçoivent le zamak liquide chauffé à 420 degrés et pouvant ainsi produire jusqu’à 2500 pièces injectées par jour.


Des modèles qui n'ont pourtant pas changé, puisque c'est encore aujourd'hui dans des moules en bronze des années 30, fabriqués par son grand-père,  que ces figurines sont coulées. Il suffit de quelques minutes pour voir apparaître ce qui deviendra pièce de collection. Un seul homme est aux commandes de cette machine qui injecte dans ces moules et qui va donner vie sous nos yeux à ces célèbres figurines Roger.  Elles sont à l'état brut, il faudra alors les ébarber afin d'obtenir une pièce parfaite et sans défaut.

Gilles, régleur qui assure depuis 20 ans la production des petits cyclistes M, sur cette machine

Cet employé est un fabricant de champions, cela va du vainqueur au bras levé aux sprinters et aux rouleurs. Ils restent tous des anonymes. Seul un champion a eu l'honneur et le privilège d'avoir sa figurine à son éfigie …. un certain Monsieur Jacques Anquetil.

Aux termes de ces opérations vient ensuite la phase délicate de la mise en peinture, qui est malheureusement externalisée faute de main d'œuvre qualifiée et également de coût de revient. Au final on pourra  apprécier la finesse du moulage et de la décoration.

Portrait en diorama d'un cycliste R offert par un client 

Peu d'enfants jouent aujourd'hui avec ces pièces. C'est une poignée de passionnés qui reproduisent chez eux, dans des décors plus vrais que nature, les belles étapes du tour de France.

C'est assez réaliste.  

L'entreprise Roger, n'a jamais de demande extravagante. Juste certains collectionneurs qui désirent des figurines peintes avec les couleurs de leur maillot personnel.

Si l'envie vous séduit vous pouvez même acheter des figurines brutes et les mettre vous-même en peinture. Exercice difficile j'imagine. A ce propos j'ai découvert le travail formidale d'un amateur passionné, qui exécute en peinture de très belles pièces. Un anglais dénommé Rowley.

Passé révolu certes, mais preuve aujourd'hui que l'imaginaire apporte aussi au quotidien, une tout autre saveur à celui ou celle qui a su rester avec son âme d'enfant.



Merci à Monsieur Roger et à Jérôme Pétin, son directeur commercial d'avoir aimablement accepté de répondre à mes questions, ainsi que pour les photographies.

jeudi 6 juillet 2017

Le vélo et les vacances

Une de couverture du journal illustré pour la jeunesse "Albert"

Je ne trahirais aucun secret en vous disant que l'été est vraiment là.

Il  est présent sur le calendrier grégorien depuis le 21 juin déjà, mais il est également présent dans nos têtes depuis bien plus longtemps.
Cette saison un peu particulière nous conditionne pour une toute autre vie et nous entraîne ailleurs. Cet ailleurs qui nous déconnecte de notre folle vie quotidienne et du  toujours pressé et toujours plus vite.
Mais cette trêve n'est pas forcément synonyme pour tous d'un changement d'environnement géographique, soit par choix, soit par manque de moyen. C'est une phase de quiétude où le temps ne compte plus, où les contraintes sont réduites. Un temps à soi, pour soi, mais pour les autres aussi.

Ce n'est pas forcément la meilleure période pour s'adonner à de grandes sorties en vélo, à moins d'être un matinal et d'accomplir dans cette presque fraîcheur une ballade de quelques heures, avant même de subir ce soleil ardent et puissant. C'est sans doute la partie de l'année où les médias se font le plus, l'écho du vélo. Le mois de juillet, c'est le mois du cycliste qui arpente nos belles régions et nos belles routes. Acclamés par un public qui ne faiblit pas, nos coureurs du Tour de France tracent la route, dans le sillon des légendes, dans un panorama à couper le souffle parfois. Portés par des encouragements de bord de route, par des applaudissements fournis, ces surhommes vont une nouvelle fois faire rêver toute une génération. 

De nombreux articles de presse indiquent que la bicyclette était le nouveau sport chic et snob. La tendance….., mais le vélo a toujours été de ces sports là. On a l'impression  que certaines personnes découvrent, comme si ces gens avaient habités, avant, une autre planète.  Je suis un peu sévère, car cet élitisme ne me séduit pas forcément. Le vélo est pour moi, une activité populaire, où toutes les couches sociales doivent se retrouver.  Peu importe l'habit, l'essentiel est tout autre. Dans le goût de l'effort, la patience, le partage et la curiosité par exemple.

L'été est donc aussi le moment de faire le tour de soi, en mode introspection. Un bilan de ses réussites et échecs. Penser aux projets à venir. S'ennuyer un peu et rêver.  Regarder le monde qui nous entoure, ces enfants qui font leurs premiers tours de roues sur une draisienne, ces couples, hommes et femmes seuls qui viennent sur notre territoire chargés de sacoches et invitant ainsi à parcourir notre belle France.

C'est également un temps pour s'accorder une pause lecture, avec nos revues cyclistes préférées ou bien la relecture d’un livre de Dino Buzzati, “sur le Giro 1949" aux éditions So Lonely.

Vous l'aurez compris, durant l'été , le vélo  est sans doute le seul à ne pas être en vacances.

mardi 4 juillet 2017

Pour quelques grammes de moins

Photographie des cycles Grand Bois

J'ai eu la chance de pouvoir être présent à Ambert au cours de ce formidable concours de machines. J'ai eu le temps également de pouvoir regarder ces belles randonneuses sous tous les angles.

Elles sont certes, toutes différentes, mais ont parfois des traits communs. Sans se donner le mot j'imagine, quelques randonneuses ont vu certains composants se transformer sous les mains habiles d'orfèvres.

Photographie des cycles Grand Bois

Photographie des cycles Grand Bois

Photographie des cycles Grand Bois

Est-ce pour laisser passer l'air et la lumière que certaines pièces ont ainsi été percées et ajourées ? A moins que cela ne soit la tendance du moment ? Puisque le concours de machines porte également sur le poids total, il était astucieux et tentant d'alléger ici ou là. J'ai ainsi pu voir que des supports de patins de freins avaient été harmonieusement percés, que la fameuse sonnette avait également été transformée. Et que dire aussi de ces moyeux grandes flasques ou de cette ancienne manette de dérailleur le Simplex habilement trouée. Que dire encore des plateaux Compass percés dans le plus pur esprit des anciens Stronglight ou bien encore ce beau plateau chromé des cycles grand bois. Ces derniers qui ont d'ailleurs fait les frais de cette cure d'amaigrissement puisque le dérailleur arrière n'a pas résisté aux assauts de l'épreuve de gravel.










Mais un concours, c'est bien sûr une prise de risque, qui ce mesure à la résistance ou la casse de tel ou tel composant. Les contraintes physiques sont réelles. Je pense également que les artisans on voulu fabriquer de belles randonneuses. Cette petite touche supplémentaire qui peut aussi faire la différence. Car qui a dit qu'un vélo devait être aux antipodes de ces considérations esthétiques.

Une fois encore, le plaisir des yeux compte.  Je vous laisse donc admirer ces pièces qui pourraient presque faire partie d'une collection d'objets d'art