dimanche 9 juin 2019

Code de bonne conduite


"Fais moi une place" disent les paroles de la fameuse chanson de Julien Clerc. 
Car aujourd'hui plus qu'hier, la légitimité du cycliste en milieu urbain et rural est trop souvent mise à mal. Depuis le poste de pilotage de sa voiture le conducteur pense être le maître de la route. Mais il oublie trop souvent que c'est également un espace à partager, où tout le monde à sa place, à la seule et unique condition que celle de se respecter. Nous cyclistes, sentons bien notre fragilité au quotidien. Combien de fois ai-je été obligé de céder le passage à une voiture alors que j'étais prioritaire, ou bien de poser le pied à terre car j'ai risqué de me faire coincer entre les voitures en stationnement et celles qui roulaient. Et quand je circule à vélo au milieu de la route pour éviter nids de poule, caniveaux ou les ouvertures intempestives de portières je me fais royalement insulté et klaxonné.

Trouver sa place n'est vraiment pas chose aisée. Mais il ne faut pas se résigner. La loi est également là pour nous protéger. Afin de se sentir à l'aise sur la route, connaître nos droits et nos obligations, les éditions Dalloz ont récemment édité le Code du cycliste. Ce n'est pas à proprement parlé un Code officiel, mais il compile toutes les dispositions du droit applicables aux cyclistes. Il traite de façon thématique des obligations du cycliste, de ses équipements, des interdictions qui s'imposent à lui, mais également des droits réservés aux cyclistes, tels que le droit au respect et aux aménagements spécifiques. 

Ce Code nous le devons à un défenseur et pratiquant du vélo, mais aussi à un professionnel du droit, puisque Ludovic Duprey, son auteur, est l'actuel vice président adjoint du tribunal de grande instance de Lille. Cycliste depuis une dizaine d'années il a souhaité écrire ce petit livre afin d'éclaircir les règles tout en apportant de la pédagogie. 

Que vous soyez cyclistes, routiers, livreurs ce Code me semble très utile, non pas pour nous dresser les uns contre les autres, mais faire de cet espace public partagé un endroit plus respectueux des droits et devoirs de chacun. Avec en creux, l'idée qui serait de repenser le réseau routier en mettant en place, comme cela existe dans certains pays, un réseau routier parallèle entièrement dédié aux deux roues. Personne ne doit ignorer la loi, mais personne ne doit s'affranchir des règles.

samedi 1 juin 2019

The rough stuff fellowship archives

Parce que la pratique du très tendance gravel ne date pas d'hier, j'ai souhaité partager ces photographies issues du rough stuff archives. Il s'agit de photographies anglaises anciennes, qui illustrent bien l'engouement déjà à l'époque pour cette pratique cycliste hors des sentiers battus. Je trouve que ces images montrent parfaitement la volonté de s'affranchir des routes toutes tracées. Avec des vélos en acier et un équipement assez basique, preuve en est qu'il est possible encore aujourd'hui de partir à vélo à la découverte de nos chemins noirs, comme l'a si bien écrit Sylvain Tesson. J'aimerais que ces images provoquent chez vous, le même frisson qui m'a traversé en les voyant. Il est possible de partir à l'aventure au pied de son immeuble ou de sa maison moderne. Osez ce petit chemin, qui vous conduira j'en suis certain, vers une sortie vélo hors du commun. Prenez votre besace, vos chambres à air, un peu d'outillage basique, une cape de pluie, un casque, de l'eau et de quoi reprendre des forces. Vivez à fond chaque instant, chaque lieux que vous arpenterez. Décidez vous à prendre la vie comme elle vient, sans objectifs précis, sans chronomètre et savourez. Je vous assure que cela fait le plus grand bien. Sans partir au bout du monde, opter pour l'évasion de proximité à toute les chances de vous rendre accroc. Bonne route à vous.











dimanche 26 mai 2019

Bistrot de campagne




Notre territoire n'est malheureusement pas en mesure d'offrir les mêmes services, selon que nous habitions une zone urbaine ou une lointaine campagne tout juste mentionnée sur une carte michelin ou ign. Ce constat est d'autant plus important et pregnant lorsque je traverse ces routes qui sentent bon la campagne, que les routes sont bordées par de belles et grandes prairies et que le regard persistant des vaches laitières me fait comprendre que je suis un peu sur leur territoire et que mon passage vient déranger leur quotidien d'habitude si tranquille.

C'est au cœur de notre France que j'aime randonner à vélo. Arpenter ces routes me qui me fournissent beaucoup de joie et de motivation tant la nature est belle. Mais lorsque je franchis le panneau d'une bourgade dénommée Virieux sur Bourbre ou Brion je suis attristé de voir ô  combien la désertification produit son œuvre. Il y a des quasis villages fantômes, des maisons abandonnées et délabrées, des commerces jadis florissants et aujourd'hui dans un triste état. Cela fait mal et produit beaucoup de peine.

La densification des villes est à l'œuvre au détriment de nos zones rurales. Ceux qui restent sont des résistants des temps modernes, des utopistes. Je ne peux me résigner. Qu'attendent nos politiques pour maintenir ce tissus rural, certes modeste mais nécessairement utile et qui façonne depuis des centaines d'années nos campagnes et la vie dans les villages. Où sont passés les habitants ? Des mairies courageuses font le pari de maintenir cette vie, une école, un commerce multiservice, font venir un médecin étranger, tout çà pour créer du lien et l'absolue nécessité de retrouver le tissus social et commercial d'avant. Mais  dur dur de faire venir des gens. Alors dès que je le peux, j'aime franchir ces bistrots de campagne, bistrot de pays comme le dit l'appellation consacrée. Un établissement qui a vu passer du monde, à la sortie  d'une cérémonie religieuse, durant le marché hebdomadaire qui se tenait sur la place du village. Ah si les murs pouvaient parler. Ils nous rapporteraient la preuve qu'une vie était possible ici. Une vie simple, mais tellement plus riche. Riche de rencontres et de discussions. Car dans ces bistrots au charme désuet et surannée, on y vient pour retrouver des connaissances et échanger sur les derniers ragots du patron. Dans ces lieux le journal quotidien est posé sur la table et passe entre les mains de nombreux clients. Sous le regard sévère du berger allemand du patron, les habitués et clients de passage franchissent le seuil de cet établissement. C'est parfois juste un client de passage qui désire un renseignement ou cherche tout simplement sa route. Il y a également le fidèle qui vient étancher sa soif, avec un petit ballon de rouge dès 8 heures du matin. L'esseulé accoudé au comptoir qui écoute les conversations des autres, qui passe son temps puisqu'il n'a rien d'autre à faire. C'est le rendez vous des chasseurs et pêcheurs en tout genre, ramasseurs d'escargots ou de champignons. Du commercial qui vient prendre un petit noir entre deux clients tout en continuant à travailler sur son portable.

C'est aussi un lieu que j'apprécie, du temps qui passe, qui me permets d'observer le monde, les gens, et les changements. Venir en terrasse boire une bonne bière après un effort ou venir se réchauffer à la chaleur du poêle qui ronronne dans un coin de la salle. Reprendre des forces et des conseils sur les lieux à ne pas râter. Une foire agricole ou un marché qui permet de prendre des provisions de produits frais et locaux. C'est une étape incontournable, unique qu'il faut absoluement faire.

Ces bistrots sont pour moi une nécessité qui jalonnent mes parcours. Sans eux point de repères et d'informations. Qui se soucient encore de leur maintient et de leur présence. C'est vrai que nous sommes loin, des bars tendances et à la mode où les anonymes se cotoient sans jamais se parler. Ces bistrots de pays, sont des lieux de vies, de passages qui façonnent la vie de ceux qui y prêtent encore attention. 



Si tous ces bistrots ferment, nous pouvons dire adieu alors aux sandwichs pour l'homme de passage ou aux repas ouvriers pour le midi. Adieu à ce savant mélange entre les classes sociales que sont les directeurs, ouvriers et paysans. Adieu également aux parties de belote. Afin d'éviter les fermetures, il faudrait que ces endroits soient classés au patrimoine mondial immatériel, d'un certain art de vivre à la française. Soutenons nos bistrots d'étape.