La distance étant ce qui nous sépare de l'autre, qu'il soit homme ou lieu. Ce mot prend aujourd'hui une couleur toute particulière. En général, nous sommes maîtres de nos déplacements, c'est le fondement même de nombres de démocratie, puisque nous pouvons l'associer à un droit fondamental, la Liberté. Liberté d'aller ou venir, où et quand nous le désirons.
C'est désormais un exercice imposé, par le contexte sanitaire. Ne plus s'éloigner de son domicile, ne pas dépasser le périmètre des 1 kilomètre. Garder également suffisamment de recul, envers ses collègues, ses commerçants habituels. Difficile figure qu'il faut intégrer dans nos actes quotidiens. S'éloigner de l'autre, des autres, vivre désormais dans un espace restreint où les corps ne se touchent plus, où même la parole doit parfois être censurée afin d'éviter tout risque de contamination par une projection salivaire.
Cette distance, la plus souvent choisie et aujourd'hui subie par toutes et tous. L'attirance avec le monde extérieur est tellement forte, et ancrée dans nos gênes. Nous sommes à l'origine des chasseurs cueilleurs, aujourd'hui en cage. Nous, cyclotouristes, savons ce que ce mot distance impose comme effort. Puisque en fonction de notre forme nous nous imposons des périples à vélo plus ou moins lointains et physiques. Cette distance fait peur et nous renvoie à nous même. Oui c'est un questionnement philosophique que de se retrouver dans cette situation. Pour ma génération, je suis de 1972, jamais je n'aurai pu imaginer vivre cela. C'est un grand coup de vent qui s'est abattu sur nous tous. Au revoir à nos programmes, nos rendez-vous, nos projets. Frustrations extrêmes que d'abandonner, un métier, une passion, une activité sportive.
Cette distance, c'est du vide dans nos vies, nos vies tellement riches de rencontres et d'activités. Aussi, n'est-ce pas le bon moment pour s'interroger et remettre en cause son propre modèle. Voir ainsi, les choses qui nous manquent ou pas, les personnes qui comptent ou pas. Cette distance, ce vide il faut la mettre à profit. Sortir de cette épreuve en étant profondément transformé, s'être dépouillé du superflu, du toujours plus. Se sentir plus léger, comme une plume ou une feuille, qui au gré du vent s'envole et se pose. Car nous pensons légitimement être maîtres de nos vies, mais nous nous rendons bien compte que nous ne contrôlons pas tout. Dans cette époque formidable, où l'homme peut accomplir le meilleur comme le pire, où nous pouvons aller dans l'espace, inventer des produits multimédia qui transforment notre quotidien, nous sommes cependant tout petit et extrêmement fragiles. Il suffit d'un virus invisible à l'oeil nu pour mettre le monde sans dessus-dessous.
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