Certains artisans façonnent exclusivement des cadres et des beaux vélos lorsqu'un autre fabrique en quelques secondes un vélo complet, un coureur et sa tenue de cycliste. Par quel miracle me direz-vous de telles choses sont possibles ?
Et bien grâce au savoir faire unique de la seule entreprise mondiale en la matière. Nous avons de la chance, puisqu'elle est française et implantée à Egreville en Seine et Marne.
Aux commandes, Monsieur ROGER, gérant de l'entreprise éponyme. Cette activité de fabrication de figurines n'est pas réellement aujourd'hui sont cœur de métier et cela reste une part infime de son travail. Monsieur Roger a voulu continuer l'histoire familiale débutée avant la deuxième guerre mondiale entre 1935/1938.
Les cyclistes M bruts, après passage à l'ébavurage thermique |
Aux origines, ces figurines étaient fabriquées en plomb, mais la législation d'alors ayant interdit ce matériau, le zamak est venu le remplacer (matériau composé de zinc, d'aluminium, de magnésium et de cuivre). Dans les années 60/65 l'engouement était tel que la production annuelle avoisinnait les 500 000 pièces. Il est vrai qu'à l'époque ces figurines étaient des jouets destinés aux enfants qui à l'aide d'une bille faisaient avancer leur cycliste dans les cours de récréation ou les bacs à sable. Je retrouve d'ailleurs ces stigmates sur des pièces anciennes que je chine parfois dans les brocantes. Mais maintenant plus question d'abimer ces pièces, nous sommes dans le milieu très sérieux des collectionneurs. Ces derniers continuant à travers le monde à faire vivre cette industrie de niche.
Des Anglais et des Belges principalement, qui raffolent de ces quelques grammes de zamak.
Grâce à eux, aujourd'hui encore, les anciennes machines reçoivent le zamak liquide chauffé à 420 degrés et pouvant ainsi produire jusqu’à 2500 pièces injectées par jour.
Des modèles qui n'ont pourtant pas changé, puisque c'est encore aujourd'hui dans des moules en bronze des années 30, fabriqués par son grand-père, que ces figurines sont coulées. Il suffit de quelques minutes pour voir apparaître ce qui deviendra pièce de collection. Un seul homme est aux commandes de cette machine qui injecte dans ces moules et qui va donner vie sous nos yeux à ces célèbres figurines Roger. Elles sont à l'état brut, il faudra alors les ébarber afin d'obtenir une pièce parfaite et sans défaut.
Cet employé est un fabricant de champions, cela va du vainqueur au bras levé aux sprinters et aux rouleurs. Ils restent tous des anonymes. Seul un champion a eu l'honneur et le privilège d'avoir sa figurine à son éfigie …. un certain Monsieur Jacques Anquetil.
Aux termes de ces opérations vient ensuite la phase délicate de la mise en peinture, qui est malheureusement externalisée faute de main d'œuvre qualifiée et également de coût de revient. Au final on pourra apprécier la finesse du moulage et de la décoration.
Portrait en diorama d'un cycliste R offert par un client |
Peu d'enfants jouent aujourd'hui avec ces pièces. C'est une poignée de passionnés qui reproduisent chez eux, dans des décors plus vrais que nature, les belles étapes du tour de France.
C'est assez réaliste.
L'entreprise Roger, n'a jamais de demande extravagante. Juste certains collectionneurs qui désirent des figurines peintes avec les couleurs de leur maillot personnel.
Si l'envie vous séduit vous pouvez même acheter des figurines brutes et les mettre vous-même en peinture. Exercice difficile j'imagine. A ce propos j'ai découvert le travail formidale d'un amateur passionné, qui exécute en peinture de très belles pièces. Un anglais dénommé Rowley.
Passé révolu certes, mais preuve aujourd'hui que l'imaginaire apporte aussi au quotidien, une tout autre saveur à celui ou celle qui a su rester avec son âme d'enfant.
Merci à Monsieur Roger et à Jérôme Pétin, son directeur commercial d'avoir aimablement accepté de répondre à mes questions, ainsi que pour les photographies.