mardi 27 juin 2017

Du réel au virtuel



Quand le virtuel prend le pas sur le réel, c’est à mes yeux une perte de sens dans de nombreux actes de la vie quotidienne. Nous ne téléphonons plus et préférons envoyer des SMS, nous ne nous rendons plus en grande surface pour faire nos courses et remplissons le caddie depuis notre ordinateur, nous ne nous déplaçons plus pour rendre visite à notre docteur puisque aujourd’hui une consultation à distance est possible. Certains font même du sport devant leur télévision, et commandent vêtements, chaussures et repas via internet. Les spécialistes en la matière parlent d’ubérisation de notre société. Mais où sont les relations humaines dans tout cela. Nous sommes seuls face à nous même et notre écran d’ordinateur. J’imagine que les choses ne font que commencer, ce ne sont que des balbutiements, prémices d’une société entièrement transformée.



J’aimerai que nous portions toutes et tous, un regard sur ce monde à venir.
Et si je faisais de la randonneuse tranquillement installé sur mon canapé muni d’un casque virtuel. Je n’aurais plus le loisir de bichonner ma randonneuse, faire briller ses garde boue, ses jantes et ses rayons. Plus le plaisir non plus de sentir le cuir de ma selle ou bien l’odeur de la graisse déposée sur mes pignons et ma chaîne. Et que dire encore de cette odeur caractéristique des pneumatiques et chambre à air. Plus le plaisir non plus d’enfiler ma tenue avant ma sortie….. l’odeur du linge propre, les sensations de mon cuissard sur ma peau et celle de mon maillot en mérinos. Je n’aurais plus la joie de chausser mes chaussures cyclistes en cuir, ni même mes gants en pecari et crochet.



Je ne sentirais pas non plus, la pluie glacée tombée sur moi, ou bien encore ce vent de face qui m’empêche d’avancer ou bien encore ce soleil brûlant qui me fait suffoquer. Mes oreilles n’entendraient plus les chants mélodieux des oiseaux et le meuglement des vaches à mon passage. Je n’aurais plus cette chance de gober les moucherons qui viennent se réfugier au fond de ma gorge. Je ne sentirais plus ces parfums de lavande, d’humus et de champignons. Je ne verrais plus les saisons et la nature se transformer. Je ne sentirais plus la soif, la faim et  la transpiration coulée le long de mon visage. Je n’aurais plus de douleur, de crampes. Mon mental jamais ne me dirait d’abandonner. Terminer aussi, les crevaisons et les joies de réparer sur le bord de la route. Je n’aurais plus le privilège de ramasser quelques mûres glanées ici ou là, plus la possibilité de m’arrêter pisser là où cela me chante, plus le l'honneur d’hurler après ces automobilistes qui passent vraiment trop près. Terminer également les douches chaudes après une sortie hivernale, le massage au camphre et huiles essentielles. Fini aussi les longues heures de nettoyage et réglage de ma machine.



Et oui le vélo c’est un peu tout çà. Nos sens sont en éveil. Je veux le rester moi, en éveil, tant que mes jambes et ma tête me le permettront. Je ne souhaite pas vivre ces expériences virtuelles qui conduisent au néant. Du plus profond de mon être, j’espère pouvoir faire réagir. La vie ce n’est pas simplement respirer, c’est beaucoup d’autre chose, mais certainement pas une série de clic sur ordinateur.

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